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ThaiTrucs

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Ceci est une version archivée de ThaiTrucs à 2008-07-06 08:13:17.
Bon, sur cette page je vais tenter de noter les choses étranges et importantes que j'ai pu remarquer, concernant cet autre univers dans lequel je me trouve actuellement. Parce que c'est vraiment inimaginable, en soi, faut le vivre ou le voir pour le croire ^^
Note : toutes les informations ici données sont à prendre au conditionnel, elles ne sont que le fruit de ce qu'on m'a dit, rapporté, des infos que j'ai trouvé ou des observations que j'ai pu faire. Je n'ai pas de raisons de mettre en doute tout cela, mais bon, un pauvre touriste français en deux jours d'observations et de discussions ne s'improvisent pas expert en moeurs et coutumes thailandaises, je pense ^^

I) Des relations humaines
Bon alors, tentons de décrire ce premier point particulier.
Première note : personne ne se serre la main ou ne se fait la bise, ici. Pour dire bonjour, on dit "bonjour", et c'est tout ^^

Pour le reste, pour ce que j'en vois, et ce que j'en sais, les Thais, et tous les vrais expatriés habitués du coin, répondent à un credo de comportement assez perturbant pour un européen moyen : vivre et laisser vivre.
Comment vous expliquer ça facilement ? Hmm.....
Bah prenons un exemple : Dominic est en train de me parler d'un truc, en français. Un de ses potes arrivent. Il lui dit bonjour vite fait, et puis il continue de me parler.
Et durant les dix minutes que va durer notre discussion, non seulement il ne va pas regarder une fois son pote, ni lui adresser la parole, mais en plus, son pote va rester là, assis, tranquille, sans chercher une seule seconde à s'incruster dans la discussion, ou même faire semblant d'écouter.

C'est l'exemple le plus flagrant que j'ai trouvé. En Thailande, ce n'est pas de l'irrespect de ne pas s'adresser à quelqu'un, c'est simplement exprimer physiquement les limites de ta vie par rapport à la sienne. C'est comme exprimer le fait que la porte de ta maison est fermée pour le moment. A tout moment tu peux l'ouvrir et faire participer la personne à ta vie, mais c'est toi qui décide quand le faire, et tes interlocuteurs respectent toujours cela.
Donc en gros, la politesse française n'a rien à voir avec la politesse thailandaise. C'est assez déroutant, au départ. Mais effectivement, on finit par piger : quand on va voir quelqu'un pour discuter, on ne l'interromps pas et on ne s'immisce pas dans sa discussion actuelle, on se contente de rester là en attendant qu'il est fini avec son propre interlocuteur.

Evidemment, c'est plus une tendance générale, après faut broder autour : quand Jane cherche les clés du scooter à Dominic pour aller faire un tour, elle l'interrompt poliment en lui tapant dans le dos en disant "dom, dom, dom, dom, dom, dom". Mais en gros, c'est l'idée générale.

La chose intéressante à comprendre, c'est qu'en fait, ça à l'air radicalement différent qu'en France, en pratique, et ça l'ait, mais qu'en fait, ça marche totalement à l'échelle d'un système global de politesse et de relations sociales, c'est juste différent ^^

Mais bon, en tant que français, au départ, ça me foutait un peu mal de voir Dominic snober ses amis. Et puis non, quand c'est moi qui discute avec un de ses potes, c'est sympa de ne voir personne te couper la parole ou interrompre le "dialogue" (c'est là où ça prend tout son sens : discuter à deux, discuter à trois, ce sont des choses complétement différentes, ici, je pense ^^). Et quand c'est dominic et un de ses amis qui discutent, c'est extrêmement reposant de ne pas avoir à s'intéresser à la discussion, devoir parler si on ne le désire pas, ou même simplement devoir rester si on veut partir faire autre chose !

Globalement, cela rend les discussions peut être moins enflammées, mais beaucoup plus calme, personne n'interrompant jamais personne, en fin de compte.

Ce qui me conduit au deuxième point...


II) De la sérénité
Les thailandais sont extrêmement calmes de nature. C'est quelque chose de profond, chez eux, ce n'est pas "visible" au premier abord, même si en fait ça explose au visage tellement c'est évident.
Les gens ont conscience d'avoir le temps de vivre, et de devoir prendre le temps de vivre, ici. Chacun a le "rythme juste" : aucun fainéant, aucune personne "lente", mais aucune personne "speed" ou pressée non plus. Les thailandais me semblent illustrer à merveille le proverbe "rien ne sert de courir, il faut partir à point".
Ils semblent juste... efficaces, et calmes.

Cela m'ait surtout apparu en observant Jane, la femme de Dominic, et ses amies. Elles semblent ne rien faire d'autre de la journée que se reposer et vivre. Pas dans un sens que l'on pourrait finir par trouver péjoratif, non. Elles sont actives, mais c'est juste qu'on a le sentiment que globalement, elles attendent avec sérénité que la vie passe, et respectent son cycle. De temps à autre, elles vont préparer une platrée de bouffe énorme en deux minutes, puis rester à discuter sur un canapé pendant deux heures, puis vont partir en scooter je ne sais où, puis revenir, et attendre de nouveau, etc...

Cette notion là est extrêmement difficile à décrire. On à l'impression que les thailandais savent accomplir toute tache quotidienne en quelques minutes dans un coin. Là où nos vies d'européens nous prennent systématiquement 12 heures par jour, entre le boulot, le ménage, la bouffe, tout, ici, ça prend 10 minutes de pure efficacité tranquille. C'est vraiment l'impression que ça donne.
L'impression que ces gens ont percé un des mystères de la vie, qui fait que les journées sont toujours trop courtes ou trop remplies : on les regarde, et on les voit finir leur boulot ou leurs taches en dix minutes, et tout à coup on a vraiment l'impression d'être particulièrement ridicules, à speeder toute une journée pour obtenir le même résultat.
On a l'impression d'être complétement passé à côté de la "méthode" pour vivre tranquille.

Et donc ils font ça sans avoir l'air apathiques ou pressés, jamais. Juste efficace. Juste le bon rythme d'existence.

Et le reste du temps qu'ils se dégagent ainsi, ils ne le passent pas à changer le monde, non. Ils le passent de manière tranquille, comme en attente de quelque chose. Comme s'ils devaient partir dans deux heures, mais étaient déjà prêts, vous voyez ? Ils se posent, là, quelque part, et discutent, vivant de petits plaisirs et petits amusements, dans le plus grand calme, et poussant chaque journée les unes derrière les autres, sereins.

Personnellement, ça ne me fascine pas, au delà de l'attrait curieux de ceci. Je tiens à le préciser, parce qu'on pourrait croire que ça m'hallucine et que je suis béat devant leur style, mais pas du tout, c'est juste réellement l'impression que ça donne.
Et quand on connait un peu le principe du karma, de l'équilibre, leur harmonie avec la nature (ce sont pas des écolos purs et durs, mais ils le sont un peu plus dans leur "spiritualité" que les européens), on comprend un peu le principe : quand une vie est bien, on ne change rien, on respecte le cycle, et on vit en paix en attendant son prochain cycle de réincarnation. Ca doit venir de quelque chose comme ça, je pense.

Mais c'est le point le plus délicat à expliquer, donc je ne m'attends pas à être parfaitement clair là dessus ^^
Passons à la suite.


III) De la bouffe
Ca, ça m'éclate complétement.
Les thailandais n'ont absolument pas de concept de "table" comme en France.
Typiquement, j'avais commencé à trouvé quelques métaphores : les thailandais ne mangent jamais, ils "grignottent" toute la journée. Imaginez ça comme ça, et vous aurez compris les trois quarts du principe de nutrition, en Thailande, dans le "fonctionnement symbolique".

Concrètement, ça se passe comment ? Bah c'est simple : en thailande, quand tu as faim, tu manges.
...
Non mais c'est tout, hein, y'a rien de plus !

Ce qui fait que des fois, tu vas faire 7 mini repas par jour, et des fois, juste 2 mini repas. Ils n'ont absolument aucune heure particulière, aucune table, aucune cuisine réelle (j'en parlais dans mon voyage ^^) : quand quelqu'un a faim, il prend son scooter, va acheter des ingrédients de base, fait à manger, proposant vaguement aux autres si ça les tente, sinon c'est pas grave, et puis il mange un petit repas, lave son assiette, et c'est fini.

Sans déconner, c'est proprement hallucinant à vivre. C'est réellement comme si on retirait, dans une maison européenne, toutes les tables (inutiles, donc), la cuisine (on laisse juste un réchaud à gaz et un évier, par exemple), toutes les horloges (pour les heures), le frigo, le congélo, l'épicerie, et qu'on laissait juste un panier de pommes.
Et donc les gens vivent dans cette maison, et quand quelqu'un a faim, il va chercher une pomme, et reviens à ce qu'il faisait. Et c'est tout.

Et ça marche du feu de dieu, c'est incroyable.
Ca donne un genre de système globale de nutrition : personne ne stocke de bouffe chez lui, on va toujours chercher dans n'importe quel bouiboui les ingrédients pour faire des trucs. Y'a aucune recette, aucune entrée, dessert, etc... En tout cas pas dans "l'esprit" de la bouffe : y'a juste une centaine d'ingrédients de base : fruits, légumes, féculents, viandes, etc... Et puis les thais vont chercher des trucs au hasard, font un plat à partir de ça, s'en serve dans une assiette, et mange, et puis basta.

Du coup, ça rend l'aspect "communautaire" beaucoup plus fort, en parallèle : l'heure de bouffe n'existant pas, les thailandais, au sein d'une même maison comme à l'extérieur, vont plus facilement demander aux autres s'ils veulent manger, ou bien préparent une ou deux parts en plus, au cas où quelqu'un aurait aussi une petite faim à ce moment là et passerait par là.
Personne n'a de vrais frigos : chacun prépare des recettes complétement au hasard, en fonction des envies du moment, et va directement chercher ce qui l'intéresse à la source.
Les plats tout prêt n'existent pas où marchent hyper mal : le principe de faire à manger restant le principe moteur.
Aucun thailandais que j'ai pu voir n'est obèse, ou même simplement enrobé : les entrées et desserts, de même que les "bonbons" ou grignottes diverses n'existent pas ! Chaque "moment de nutrition" n'étant constitué que d'un mini plat principal.
Idem : les gens mangeant toujours au moment où ils ont faim, ils mangent très peu, mais régulièrement, mais du coup ne se goinfre jamais, et ne connaissent pas le sentiment de faim, puisqu'ils l'assouvissent rapidement.

De manière globale, c'est comme les autres points de culture que j'ai abordé : c'est différent, mais ça marche parfaitement.

Il parait qu'en thailandais, la phrase "comment vas tu ?" se traduit par "as tu bien mangé ?", soulignant le fait que cette alimentation constitue la base de la société.
En clair, la faim n'existe pas, en Thailande, tout étant fait pour que même les plus pauvres ne la connaissent pas.
C'est trop space, mais trop fun.


IV) Des "couples"
Ca aussi ça à l'air intéressant ^^
Alors en fait, les thailandais sont très mystiques, apparemment (même s'ils n'arriveront jamais à la cheville du matraquage catho ou des rituels musulmans, je pense ^^).
Dans le principe, ils croient (et je ne vois pas de raison de les contredire) que les fantômes de leurs ancêtres les côtoient continuellement.
C'est à dire qu'ils font en sorte de vivre de manière honorable, et de ne jamais vexer ou peiner leurs ancêtres.

J'ignore encore complétement toutes les ramifications de ce truc là, mais y'a un truc intéressant, c'est qu'aucun couple ne se "touche" ou ne "flirte", ici. En tout cas pas en public, semble-t-il.
Et ça fait vraiment bizarre. Personne ne se tient main dans la main, ne s'embrasse, ne se caresse, ne se met une main autour des épaules, ne se regarde avec complicité, ou même simplement ne se retourne au passage d'une jolie fille (ou même simplement la regarde).
Ca saute aux yeux, les européens doivent passer pour de vrais lubriques, ça doit être affolant ^^

L'explication qu'on m'a fourni c'est que personne ne fait ça, car cela risquent de peiner les ancêtres. En effet, cela risque de les rendre un peu jaloux, et de les faire regretter la vie charnelle, ce qui leur rendrait leur vie de fantôme un peu tristounette, et c'est "pas cool", quoi. Donc pour pas que les ancêtres se sentent un peu seul avec leur ectoplasme intangible, les thailandais et thailandaises en couple (ou même les couples mixtes genre Dominic et Jane), en public en tout cas, pour ce que j'en sais, ne se touche jamais ni rien.

Concrètement, en fait, je suis totalement incapable de dire qui est célibataire ou non, ou qui est avec qui. Absolument rien dans le comportement de tous les gens que je peux voir ne laisse présager de quoi que ce soit !
Et le fait que les femmes semblent être totalement égales aux hommes ici (les européens feraient bien d'en prendre de la graine ^^) fait qu'en fait les femmes ont autant la bougeotte que les mecs, et sont rarement en compagnies de leurs maris.
Par exemple j'ai passé autant de temps en public avec Jane qu'elle en a passée avec Dominic, et on a eu le même genre de rapport public, fait de "merci", de "bonjour", et de "woua, c'était super trop bon !".
Etant donné que ça à l'air pareil pour tout le monde, ici, c'est un point particulièrement rigolo à observer !

Donc après, il manque des éléments de réponses : si la culture du respect des ancêtres (qui me semblent plutôt ironiques dans son approche, les ancêtres ne semblant pas une espèce d'instance supérieure directrice, mais juste de pauvres bougres qu'on essaie de ménager ^^) prévaut, que penser de la réputation "sulfureuse", dirais je, des femmes thailandaises ? Et comment l'expliquer ?
(pour ma part, franchement, j'ai du rater quelque chose, parce que même en France les rapports ne sont pas aussi platoniques entre hommes et femmes ^^)


V) Du machisme
Bon apparemment c'est un peu space ici, mais gros ce sont les femmes qui s'occupent de la maison, et les hommes qui rapportent l'argent, comme dans beaucoup de cultures machistes.
Sauf que y'a un truc amusant : étant donné que le ménage et la maison, ici, c'est bouclé en dix minutes, et que ça dérange personne si les femmes préfèrent travailler, en fait ça donne l'impression que ce sont les femmes qui dominent complétement la situation.
J'ai le sentiment que si je tente de m'immiscer près du réchaud à gaz pour me faire à manger tout seul, et Dominic m'a confirmé ça, je vais me prendre des coups de pieds aux fesses de la part des femmes de la maison. Typiquement, il m'a dit : "en fait, si tu rapportes l'argent, et que tu tentes de faire aussi le ménage, elles vont être très vexées, car ça va être pris comme une espèce d'insulte. En faisant tout, tu renies l'utilité de la femme dans ta vie, et c'est une façon directe de dire que tu ne l'aimes pas et que tu veux qu'elle parte pour toujours."
Ouais, bon, bizarre, quoi ^^

Mais donc dans la façon dont ça se déroule, j'ai plutôt l'impression que ce sont les femmes qui dominent, puisqu'elles choisissent avec qui elles se mettent, et qu'elles s'octroient la part du travail qui est, semble-t-il ici, le plus simple et le plus rapide, ce qui leur laisse tout leur temps pour faire absolument ce qu'elles veulent.
Ca n'a rien d'une espèce de tradition ménagère bas du front, les femmes ont l'air bien plus versatile, polyvalente et intelligente que les hommes, ici ^^

C'est franchement sous-jacent, mais j'ai l'impression qu'un vrai macho aurait beaucoup de mal à vivre ici, et que ce sont vraiment les femmes qui président à tous les niveaux, et que ce n'est que par politesse qu'elles "aident" les hommes. C'est très fun, même si pour moi c'est très difficile de me faire servir. Mais j'ai l'impression que je me suis fait repérer, maintenant, Jane me passe devant le nez à chaque fois en m'apportant à manger avant même que je puisse tenter de descendre en douce prêt du réchaud à gaz, et ça à l'air de la faire rigoler ^^

Ah oui et puis j'ai la côté avec Jane, sa mère et une de ses amies, apparemment, puisque forcément, les plats qu'elles préparent étant délicieux, je me gêne pas pour leur faire savoir, et ça à l'air de beaucoup les amuser. La mère de Jane m'a tressée un espèce de double bracelet, censé faire comprendre aux esprits que moi "c'est cool, chui ok", et qu'il faut pas séparer mon esprit de mon corps pour rigoler, quoi.

Par contre faut que je fasse gaffe, les platrées qu'elles préparent sont de plus en plus grosses, Dominic me dit que d'habitude elles cuisinent beaucoup plus léger que ça, en quantité, j'ai peut être trop la côte, ça va me faire prendre des kilos.
Bref. Je continue à regarder en douce le réchaud à gaz, je compte pas me laisser faire comme ça, non mais ho.
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