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UtheR

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"J'ai mal à la tête. Et ce bruit qui me vrille les oreilles n'arrange rien."

En essayant péniblement de se relever, Uther ne comprit tout d'abord pas ce qu'il voyait : une forme sombre se tenait non loin de lui, au coin de l'étroite chambre dans laquelle il venait de se réveiller. Le temps que ses yeux s'habituent à l'étrange clarté et il constata en fait que c'était une formidable tache de sang séché. "Eh bien, le pauvre bougre qui a subi ça a dû pas mal souffrir… Aïe ! Mais c'est que je suis pas en pleine forme, moi non plus." Baissant les yeux vers ses jambes, il remarqua, non sans inquiétude, que son pantalon était lui aussi couvert de sang. Sang qui avait l'air de provenir d'une blessure à l'épaule. "Etrange, je pisse le sang comme une vache qu'on égorge et je me sens à peine courbaturé…" En effet, en portant la main à son épaule, il constata que son t-shirt était en lambeaux mais la peau, elle, était comme neuve. "Humpf, encore cette cicatrisation inouïe… Et c'est mon sang contre le mur alors ? Ca expliquerait mon état de fatigue avancée, s'il ne me reste qu'un demi-litre de sang, je ne vais pas aller bien loin… Mais inversement, si je reste ici, je vais crever aussi. De faim, de soif, ou tout simplement de la main de la créature qui m'a fait subir ça. D'ailleurs, qu'est-elle devenue ? Et qu'est-ce que c'était d'abord ??" Tout en réfléchissant, Uther se leva tant bien que mal et réussit à tenir sur ses deux jambes. Il se sentait terriblement faible physiquement, mais sa volonté était à toute épreuve : il allait retrouver celui qui lui avait fait subir ça et lui faire pire encore.

Uther parcoura la pièce des yeux : "Bon, qu'est-ce qui pourrait m'être utile ? Il n'y aurait pas une belle arme qui traîne par le plus grand des hasards ? Non hein, ça serait trop beau…" Avisant un barreau de fenêtre désolidarisé du cadre, il s'en saisit et, prudemment, sortit de la petite chambre. Il se trouva alors dans un couloir plus sombre encore et, malgré ses yeux de chat, ne discerna pas grand-chose. Il décida tout de même d'avancer dans la direction que lui dictaient ses sens en alerte. Quelques mètres plus loin, une porte entrouverte l'interpella. Il l'ouvrit délicatement et pénétra dans l'immense pièce vide. L'inspection fut rapide : une fenêtre qui laissait passer la lumière de la lune de manière diffuse et quatre murs vides. Le carrelage était disposé de telle sorte que les couleurs formaient un pentacle encerclé. N'ayant pas l'habitude de faire confiance à ce genre de dessin, il en fit le tour de façon circonspecte et se demanda qui pouvait bien vouloir d'un tel motif sur son carrelage. Arrivé devant la fenêtre, il jeta un œil au-dehors. Ce qu'il vit ne lui plut pas : "Diantre ! Mais qu'est-ce qui a pu bien se passer ici ? Une bombe atomique ou quoi ? Il ne reste rien !!! Ou alors, je ne suis plus sur terre…" Et ça n'était pas la première fois que cette dernière possibilité lui arrivait. Il ne comprenait toujours pas comment ça se faisait : tous les "déplacements" d'une planète à l'autre se faisaient quand il dormait ou était inconscient. La différence avec maintenant, c'est que cette fois-ci, quelque chose de grave s'était produit avant qu'il se réveille, et, apparemment, son corps y a participé. Las de se perdre en conjectures aussi saugrenues que totalement folles, il décida de pénétrer à l'intérieur du pentacle. "Grmbl, la dernière fois que j'ai fait un truc aussi stupide, je me suis retrouvé dans le jardin de mes parents vingt-cinq ans plus tôt et j'ai du revivre les vingt-cinq ans en question dans ma peau de petit garçon, avec ma tête de vieux aigri. Je sais pas si c'était une sorte de punition ou quoi, mais je l'ai un peu pris comme tel." Tout à ses souvenirs, Uther ne remarqua pas tout de suite la fumée qui jaillissait du sol juste sous ses pieds. Il recula ensuite pour constater qu'un être prenait forme à l'intérieur de cette fumée. Une femme. Belle comme le jour qui manquait cruellement à Uther. Ses cheveux soyeux brillaient d'une clarté si douce qu'elle apaisait les yeux endoloris d'Uther. Son regard se posa sur ce dernier avec tant de tendresse et de compréhension que ce gros bourru d'Uther en eut les larmes aux yeux. "Diantre ! Mais que me veut-elle?" pensa-t-il. Il n'était pas habitué à voir quelqu'un d'aussi compatissant envers lui. Elle prit la parole et toute suspicion de la part d'Uther disparut avec la fumée qui l'entourait : "Uther, mon bon Uther. Merci de tout ce que tu as fait pour moi. Je ne pensais pas qu'il suffirait de deux fois pour que tu me débarrasses de ce gorgoyle qui me poursuit et détruit toutes mes œuvres depuis des millénaires. Il ne t'a fallu que vingt-cinq ans. C'était au-delà de mes espérances." Uther ne comprenait pas un traître mot de ce que cette illustre inconnue proférait à son encontre. Malgré ses yeux exorbités d'incompréhension, la belle Dame reprit : "Mais ta mission ne s'arrête pas là, Uther. Cette fois-ci, tu vas devoir vivre de façon normale, te marier et avoir un fils. Fils que tu nommeras Uther le Pourpre et qui reprendra le flambeau de ta lignée. Sans ça, nous sommes tous perdus." Sur ces mots, la belle Dame disparut comme elle était apparue : dans un nuage de fumée.

Des éclats de voix… des rires… une voix féminine, plus proche, douce et gentille : "Il est l'heure, Uther, tu vas encore être en retard !" Elle rit. Uther sent une main se glisser sous son t-shirt et le caresser du bout des doigts. Que c'est agréable après cette sensation d'être totalement courbaturé ! Uther ouvre un œil et réalise qu'il est allongé sur le ventre, sur un lit soyeux et que la main délicate et la douce voix appartiennent à une charmante femme nommée Lorifée. "Mais ?!? Comment Diable je peux connaître son nom ?" pense-t-il. Elle éteint le réveil et l'embrasse sur le front. "Allez, un peu de courage, ta fille va encore être déçue si tu ne l'accompagnes pas à l'école pour la rentrée de cette année !" Elle se lève et ouvre les volets. Un soleil radieux pénètre dans la chambre et chauffe doucement le corps d'Uther. "Ma fille ? Mais ?!? Je devais avoir un fils !" Uther ayant proféré ces mots à voix haute, Lorifée se retourna, surprise par ce qu'il avait dit :

"Comment ça tu devais avoir un fils ? Tu as encore fait ce rêve idiot avec la femme qui apparaît de nulle part pour te dire que ton fils Uther le Pourpre prendra la suite de ta lignée, c'est ça ?" Son visage exprimait une contrariété non feinte

- Un rêve ? lui répond-il, éberlué.

- Oui, depuis que notre petite Adamantine est née, tu fais ce rêve au moins une fois par mois. Un jour, elle était même ici lorsque tu t'es réveillé et lorsque tu l'as vue tu lui as dit : "non, tu n'es pas ma fille, je ne peux pas avoir de fille, je dois avoir un fils" Elle en a pleuré pendant des semaines après ça ! Et ne me dis pas encore que tu as oublié tout ça !!!" Son ton était monté, son visage exprimait un mélange de colère et de tristesse immense et ses yeux se remplissaient de larmes.

- Alors comme ça, ça m'arrive souvent, répondit-t-il, songeur. Et ça vous rend tristes toutes les deux." Devant le regard désespéré de celle qu'il imaginait être sa femme, il déclara :

"Il faut que ça cesse. Tu m'as dit qu'il fallait l'accompagner à l'école ? Très bien, Tu viens avec nous aussi ?

- Oui" La voix de Lorifée se brisa de joie et ses larmes finirent par couler sous l'effet du soulagement. Apparemment, c'était la première fois qu'il prenait une décision par lui-même et faisait ce que son cœur lui dictait.


Après avoir amené sa fille de cinq ans à l'école pour son premier jour de l'année, il rentra avec sa femme à la maison.

"Tu as changé sa vie en l'espace de quelques heure, Uther. Tu ne peux pas savoir à quel point tu l'as rendue heureuse en faisant ça. Et moi aussi. J'ai enfin retrouvé l'homme que j'aimais. Maintenant…" elle baissa les yeux, attendit un instant, puis, le regardant à nouveau droit dans les yeux lui déclara : "Maintenant, j'aimerais que cela continue. Que tu ne fasses plus ces rêves étranges qui nous font souffrir tous les trois. Accepte le fait d'être une personne ordinaire, d'avoir une femme et une fille qui t'aiment. Et tout ira bien." Ses yeux voilés par l'inquiétude et la sincérité de ses sentiments pour lui l'émurent au plus haut point. Il commençait à comprendre pourquoi il avait choisi cette femme : elle seule était capable d'endurer ce qu'il venait de lui faire subir ces dernières années. Il l'étreignit et lui glissa au creux de l'oreille :" c'est promis, je ne ferais plus ces rêves. J'accepte d'être un homme ordinaire et d'avoir une magnifique épouse et une fille adorable."

Une voix qu'il croyait être celle de sa femme lui répondit doucement : "Tu as fait le bon choix, Uther, tu ne t'es pas laissé aller. Il s'en est fallu de peu, mais tu as vaincu. Crois ta femme et ta fille et, par-dessus tout, crois en toi."

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