XinofluEnd

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- 1 -

L'être se tenait droit et immobile dans la cacophonie ambiante. Partout autour de lui, les gigantesques tours d'acier et de plomb tombaient comme des pierres. Le peuple qui s'était forgé une civilisation dans le métal, la race qui avait créé un empire de terreur et de puissance, d'héroïsme et d'honneur, voyait ses derniers instants...
Mais la créature n'avait pas grand chose à voir avec tout ça. La créature avait un étrange détachement par rapport aux événements qui se jouaient autour d'elle, comme si tout cela ne se passait que sur un écran de télévision inoffensif...
Sur une planète aux soleils verts, aux lunes bleues bizarrement mélangées, aux océans retenus comme une falaise au pied des villes, l'Ombre se dressait, mystère parmi les mystères, Puissance parmi les Puissances.
Trois races en guerre mourraient aujourd'hui d'une même main, au sein d'une même alliance contre l'inexorable Ombre.

D'abord les Tarhociens sur leurs millions de destriers de guerre, caparaçonnés dans une gangue de métal massive et épaisse. Les Tarhociens avaient fait leurs dernières charges contre l'impossible, s'étaient lancés pour la dernière fois dans les vallées de terre desséchées et brunies en maintenant fermement leurs lances dentelées d'un poids incroyable. Leur esprit obtus avait failli, éperonnant en vain leurs montures aux naseaux crachant des flammes. Les centaines de tonnes martelant comme un chant funèbre le sol noircissant d'une planète à la physique énigmatique...
Les océans les surplombant avaient vu passer ces armées de plomb et d'airain, se ruant à l'assaut d'un ennemi invulnérable...
Des milliers de chevaux hennissant leur force brute et leur stature immense dans une débauche de vigueur assourdissante et de reflets chromés aux piques innombrables...
Puis vinrent de concert charger les Sirygimins, jaillissant des océans-falaises pour atterrir de toute leur finesse de corps et leur férocité d'âme dans les cités d'acier dantesques des Tarhociens. Les corps d'un bleu pâle tirant sur le violet laissèrent s'ouvrir une dernière fois leurs chakras de magie semi-divine. Cadeau d'un Dieu à leurs ancêtres loyaux jusqu'à leur dernier souffle, les Sirygimins savaient manier l'énergie de l'âme comme d'autres maniaient l'arc ou le canon. Allant toucher le sol impur veiné de fer de la planète, les atlantes évanescents firent détoner la surface du sol, se projetant eux-mêmes par à-coups, maintenant une trentaine de centimètres entre eux et le sol, comme une armada de poissons volants en plein bombardement. Ils s'étaient rués dans un cri déchirant et strident vers l'Implacable.
Une race jouant son va-tout contre un fléau inexistant. Les yeux blancs laiteux des hommes-brumes sortant des mers ne reflétaient même plus leur désespoir et l'extinction probable de leur race anéantie par des siècles de massacres sans noms. Leur férocité innée alla buter contre l'Ombre, comme un concept jeté au visage de l'adversaire pour l'inonder de ses dernières forces vives, comme des cadavres propulsés par-dessus les remparts pour endiguer le flot de l'assaillant.
Mais ce fut inutile là aussi. Le baroud d'honneur des Sirygimins, chargeant comme des milliers de flèches au ras du sol, par vagues alternées inépuisables, parfois entre les sabots même des montures infernales des Tarhociens, fut leur dernier acte dans le livre de leur histoire...
Toute cette débauche de magie brute n'atteignit pas sa cible, disparaissant dans les limbes d'un oubli dans un soupir trop long...
Le troisième peuple encore debout sous les décombres de cette planète intervint enfin, alors que déjà la fin de cette sphère céleste se mettait à vibrer comme la plainte lugubre de son noyau même. Les hautes tours des cités Tarhociennes tremblèrent sur leurs fondations indéracinables, ébranlant imperceptiblement les milliards de tonnes de matière architecturale.

Tout commença à s'écrouler alors que la technologie endémique des sages Ecléïdes s'adonnait à sa sombre litanie. L'air sembla s'assécher partout, le vent se tut, les océans menacèrent de reprendre le cours normal de leur flot, basculant par hectolitres entiers d'un rebord invisible, là-haut sur la falaise d'eau, pour frapper comme un marteau les quelques Sirygimins et les Tarhociens en contrebas encore luttants.
La planète gémit, et ce gémissement se transforma en mugissement alors qu'un souffle éthéré balayait le champ de bataille. Une explosion sourde retentit, troublant dans une déflagration, impalpable autant que surpuissante, la vision de chacun. Les esprits s'éteignirent sous la pression monumentale de l'Arme Ultime mise en u0153uvre par les Ecléïdes.
Ces derniers passèrent de vie à trépas dans les tréfonds de leurs laboratoires quand ils déclenchèrent l'arme interdite. Les sombres années de recherches dont on devait taire les raisons comme les résultats secouèrent d'un coup brutal la stabilité même de la réalité. L'Arme Absolue n'avait pas une action définissable par les pauvres esprits Tarhociens, et rien d'observable pour la vision étriquée des Sirygimins. Mais chacun put en entrevoir la lueur en tombant dans une inconscience passagère aux effets secondaires mortels. Beaucoup tombèrent nets, certains purent continuer à se battre alors que l'Arme égrenait déjà une réaction en chaîne impossible à arrêter.
Le glas de la planète avait d'ors et déjà sonné quand la race des Ecléïdes se sacrifia en appuyant sur le bouton de pierre, déclenchant l'apocalypse, mais les effets prendraient quelques longues heures à arriver à leur terme, et les survivants du Premier Choc se relevaient déjà pour étreindre dans la mort l'adversaire invincible. Le combat continuerait jusqu'au bout, parce qu'il n'y avait pas d'autre choix, parce que c'était ainsi et parce que chaque membre restant de chacune des races savait enfin quel serait son destin entre l'instant qui se jouait devant eux et l'avenir clos de la planète d'ici quelques heures trop courtes.
Des centaines de milliers relevèrent le défi de l'Ombre...
L'Ombre, Dieu parmi les Dieux de cet univers si fuyant dans ses motivations : Fadrax. L'Ombre en était l'incarnation, la créature divine qui surpassait toute chose consciente dans la galaxie...
Au combat, l'Ombre semblait quasiment invincible. Quasiment. Ce seul mot poussait les armadas Sirygimines et les contingents de cavalerie plombée Tarhociens à poursuivre la lutte jusqu'à une très hypothétique et déjà compromise victoire. La terreur leur dévorait le ventre, la folie submergeait leurs esprits, mais la simple présence de l'Ombre suffisait à les pousser à attaquer, comme si la guerre unilatérale qui s'ensuivait gagnait un sens quelconque aux yeux d'une entité supérieure inconnue...

Beaucoup de Dieux errent dans Fadrax, créant des mondes comme d'autres regardent le soleil se lever le matin. Certains de ces Dieux éteignent les étoiles et les civilisations dans des jeux guerriers où la suprématie totale et la loi de la survie sont les seules règles acceptées. Mais même parmi les plus puissants des Dieux, on ne murmure qu'avec crainte les histoires et légendes de celui qu'on appelle le Grand Solitaire. L'Ombre...
Personne ne connaît son véritable nom, ni son origine ou bien même seulement sa nature. Personne ne sait qui peut être l'Ombre, qu'est-ce que Ça peut être. L'Ombre apparaît, simple humanoïde engoncé dans une armure noire impénétrable, un masque blanc recouvrant son visage. Deux yeux transpercent son masque d'un regard insoutenable, les flammes d'un sort inconcevable brûlant au fond d'un visage inexpressif, rehaussant l'impression d'incompréhension qui se dégage d'une créature aux desseins et à la fonction insondable.
Deux lames qu'on prendrait facilement pour des oreilles d'elfes surdimensionnées dépassent de ce faciès détaché, et une queue de cheval d'un noir de jais vient épouser les mouvements félins de ce corps simiesque. Une grâce et une aura indéniables se dégagent de ce qui fait trembler les Dieux eux-mêmes...
Une seule vérité : personne ne sait ni qui est, ni ce que veut l'Ombre.
Une seule loi : quand l'Ombre apparaît, tous prennent part au combat final : le défi de l'Ombre.
Une seule voie : la terreur envahit ceux qui la croisent, car ils savent alors qu'ils sont en présence de la plus puissante créature de l'univers, la tueuse de Dieux, l'Entité ultime de cet univers comme des autres...
Une seule chance : dans la terreur qui les étreint de ses mains glacées, chacun sait que la seule chance d'en réchapper est d'affronter l'Ombre. A mains nues ou avec un fusil, avec une épée ou avec la plus parfaite armure qui soit, c'est la seule manière d'espérer défaire l'Ombre.
L'ignorance tapisse le chemin : personne n'a jamais pu échapper à l'Ombre, de mémoire de Dieux, et un seul a pu l'abattre, un guerrier de légende dont l'Histoire a occulté le nom de la vue des mortels...
Ceux qui ont tenté de fuir sont tous morts, quand bien même ils étaient Dieux ou immortels. L'Ombre est la puissance incarnée, mise au service d'un être incompréhensible et plus discret qu'un fantôme.
Personne ne peut comprendre l'Ombre ou ses motivations.
L'Ombre apparaît, l'Ombre tue, l'Ombre disparaît, comme un songe interrompant la concentration, comme une lame interrompant une vie...
Des entités prennent part à des guerres titanesques, irradiant de leur présence grandiose des milliers d'êtres. Des Dieux prennent la tête d'armées plus vastes que des océans, et affrontent des flottes entières de vaisseaux spatiaux et de milices d'infanterie infinies. Des êtres vivants font de leur quotidien un champ de bataille où volent et explosent des centaines de chars d'assaut et où meurent à chaque instant des milliers d'âmes apeurées. Des formes d'énergie pure consciente transforment en novae des systèmes entiers, ou rallument des pulsars depuis longtemps éteints.

L'Ombre n'a rien de commun avec tous ces êtres. L'Ombre est plus fugace et silencieuse qu'un chasseur fondant sur sa proie. L'Ombre apparaît dans des ruelles et des vallées, dans des galeries ou des forteresses, dans des complexes ou à la surface d'étoiles étranges. L'Ombre tue une, deux, trois personnes à l'avenir trouble, à la présence due au simple hasard apparent, ou parce que c'est simplement sa raison d'être ? L'Ombre n'a que faire des défenses et de l'éthique, de la divinité ou de l'importance, des fortunes ou des malchances : l'Ombre apparaît, l'Ombre tue, l'Ombre disparaît.
L'Ombre rend humble le plus méprisant des empereurs, l'Ombre fait passer le plus dangereux des assassins pour un prétentieux. L'Ombre apprend aux tyrans le prix de l'ambition et la valeur d'une vie simple mais mieux consommée. L'Ombre enseigne par la mort aux plus sages, que la pensée ne remplacera jamais l'action. L'Ombre contredit les pacifistes les plus dociles en les faisant se battre pour leur survie. L'Ombre fait mentir les suicidaires les plus dévoués à leur fin en les faisant fuir, emplis d'une terreur indicible d'un sort plus horrible que la mort. L'Ombre est la valve de pression d'un univers chaotique, régulant un équilibre connu de Fadrax seul...
L'Ombre répand le néant avec un détachement presque innocent de celui qui vit en harmonie avec sa nature profonde. Comme un animal tue pour manger, l'Ombre tue pour tuer, avec un talent qui n'a rien d'arrogant ou d'intéressé, avec une attitude désinvolte qui contraste avec la sauvagerie de sa mission...
Mais qu'est l'Ombre ?

Les Ecléïdes l'ignoraient à l'heure de leur mort, comme l'ignorent toujours les Sirygimins et les Tarhociens mourants par dizaines sous les tours de plomb s'effondrant partout dans la capitale de métal et de roche brute des Tarhociens. L'Arme a désormais plongé le monde dans la panique et le cataclysme absolu s'étend partout. Une clameur muette monte du sol même de la planète, comme un orchestre entier jouant des ultrasons à la limite de l'audible. Un son vrillant les cerveaux et les esprits, la planète hurle sa douleur et son âme implose. Tout devient flou alors que l'air se meut en arabesques de vent sur lesquelles la gravité n'a plus prise. Les mers s'envolent en lentes tornades vers l'espace au-dessus d'eux, et la terre vibre d'une faible trépidation totalement asynchrone avec la violence qui noie les esprits des rares survivants, fuyant désormais en tous sens en proie à la plus incroyable crise de démence globale jamais observée.
Mais un seul être a la possibilité de prendre la mesure de ce spectacle qui ferait pâlir de terreur n'importe quel observateur. N'importe qui perdrait la raison face à l'holocauste qui se jouait dans la plaine : des milliers de cadavres entravaient la course précipitée d'une poignée de chevaux se cabrant de souffrances, le sang ruisselant de manière incompréhensible sur leurs armures monstrueuses. Quelques Sirygimins rampaient, perdant par intermittence le contrôle des énergies dévastatrices qui les animaient, faisant exploser l'espace autour d'eux, projetant des mottes de terres et des corps sans vie à des dizaines de mètres de haut. Certains étouffaient alors que le vent chaotique se dispersait et s'enfuyait de leurs poumons hybrides, certains disparaissaient sous les tours aux proportions proprement hypnotisantes qui s'abattaient en morceaux de plusieurs tonnes de droite et de gauche. Les océans rugissaient, la terre se soulevait, les derniers êtres vivants de ce monde furieux étaient déjà agonisants ou morts, et l'Ombre continuait d'observer, impassible, la planète qui mourrait dans une rage folle, se tenant toujours droit, comme un combattant surplombant le cadavre de son ennemi. Son visage était caché derrière son masque blanc sans aucune tâche, mais tout, dans son attitude, exprimait la plus totale indifférence, la plus curieuse abstraction par rapport à ce qui se jouait sous lui et tout autour. L'Ombre était vainqueur, une fois encore... Les adversaires avaient été innombrables, mais rien n'avait pu venir à bout de cette chose qui survivait là où tout mourait. Rien n'avait suffi, et maintenant l'Arme entamait sa dernière symphonie subsonique, lâchant les forces de la planète sur elle-même, dans une ultime orgie de dévastation et de destruction sans commune mesure avec l'arsenal des trois races déchues réunies. Le noyau de la planète se fissionna. Le potentiel d'annihilation qui se déchaîna autour de l'Ombre à cet instant aurait fait sauter n'importe quel appareil de mesure.

La planète se déchira dans une explosion finale qui l'éparpilla aux confins de son système, désaxant de leur orbite, par impacts successifs de météorites titanesques, certains planétoïdes l'entourant...
...
Quand la poussière d'étoiles se dispersa, l'Ombre avait disparu, qui pourrait savoir comment ?
...




- 2 -

L'Ombre marchait, seule, sur une étendue d'un bleu presque noir. L'obscurité l'entourait. Son pas solitaire résonnait à l'infini dans ce faible halo de lumière sur un sol bleu pour seul univers...
L'Ombre avançait, incarnation des Ténèbres de Fadrax.
L'Ombre ne connaît ni cruauté ni bonté, ni sarcasme ni vengeance. L'Ombre est, et cela suffit.
Les Ténèbres n'ont jamais été mauvaises ou maléfiques dans Fadrax, mais seulement représentantes d'une mort qui frappe au hasard, selon l'ordre des choses. Les peuples prennent la nuit pour le Mal, se fourvoyant dans leur obstination ridicule à personnifier leur peur de la mort.
La mort est inéluctable, certes, mais l'Ombre ne l'est pas, et offre même sa chance à chacun de ses adversaires.
Quelle arrogance ont ces soi-disant humanités de confondre ténèbres, peur et mort !
Les Ténèbres sont un allié sûr, ou l'harmonie et la simplicité règnent en maître incontestable et incontesté. Les Ténèbres respectent les mystères de Fadrax, et s'en font l'instrument. Tous devraient avoir confiance dans l'Obscur, car la véritable Nuit sait toujours quel est le destin et la fonction de chacun dans cet univers, et ne s'octroie que le droit d'appliquer le jugement de Fadrax...
Mais les ombres ont été perverties dans les croyances ou dans les faits, si bien que l'arrivée de l'Ombre sonne comme une oraison funèbre, comme une contrevérité à la folie des cu0153urs impurs et plongés dans le doute.
L'Ombre s'en vient, et son défi résonne dans les âmes, balayant les incertitudes et la couardise, effaçant la témérité et dégageant l'héroïsme désespéré qui sommeille dans ses adversaires, dans un dernier élan au seuil de la Fin...

L'Ombre se déplaçait dans son armure ouvragée et brumeuse, à la brillance terne qui semblait faire entendre des murmures d'une puissance sourde et sombre. Son masque lisse, incrusté d'un rubis au front, focalisait la lumière diffuse issue de nulle part.
Les poings à demi-serrés dans une attitude sereine, le Dieu des Dieux avançait, comme entouré d'une cape de secrets constellée d'énigmes...


Dans toutes les dimensions, dans toutes les époques, au nadir de toutes les réalités de ce multivers et de toute la Création, le Xinoflu propageait son mouvement perpétuel irrémédiable. Un champ d'énergie aux flots hiératiques envahissait les esprits, et s'incrustait dans les rêves de rêves de rêves...
Tout et partout, rien ne résistait à l'assaut de la béatitude ultime...
Des civilisations entières se mettaient à flotter dans l'éther, les atomes cessant de se lier entre eux, les électrons se concentrant en d'improbables associations métaphysiques. Le Xinoflu n'avait aucune limite, et franchissait tous les obstacles de conception possible ou non.
Tout ce qui pouvait se concevoir voyait arriver par une onde de choc féroce la Sérénité Absolue....
Engendré par hasard, répandu à dessein, le Xinoflu était déjà vainqueur...
Même les Dieux les plus puissants de Fadrax n'avaient pu y résister.
Tout Fadrax succomba au Xinoflu, morceau par morceau, instant par instant, être vivant par être vivant...
Il ne restait plus qu'une chose, dans sa perception inexistante, à conquérir. Un être, une créature, qui avait échappé à tous les endroits que le Xinoflu avait inondé de son bonheur final. Une créature qui, toujours, disparaissait mystérieusement à deux doigts de la fin, comme un aigle jouant avec la lisière d'une tempête de sable inexorable, battant d'un coup d'ailes salvateur avant le contact fatal.
L'Ombre avait jusque-là quelque part où s'enfuir, mais désormais le Xinoflu était partout...

Le Grand Solitaire s'arrêta sur le sol bleu-noir. Une sorte de déchirement s'était fait entendre, là, très loin, dans les Ténèbres. Quelque chose arrivait. Quelque chose avait pénétré jusqu'ici, et se ruait dans la brèche. L'Ombre pencha imperceptiblement la tête, puis reprit sa route comme si rien n'était arrivé.
Le Xinoflu envahit en un instant toute la dimension, conceptualisant de son Bonheur Ultime chaque fragment de cette dimension décalée, prenant possession de tout ce qui pouvait se trouver sur sa route imaginaire.
Le champ de probabilité étrange entra dans l'environnement immédiat du grand Fadraxien. Dans une fraction de seconde, tout serait fini, et le Xinoflu aurait tout remplacé dans Fadrax, ne s'étant laissé pour dessert que quelques lots de mondes, comme ce papier, les mots qui y sont imprimés et l'esprit des lecteurs de ce récit. Le Xinoflu en aurait alors fini avec tout ceci...

Mais l'Ombre est bien plus qu'un Dieu... L'Ombre est une créature inégalable et inimaginable dans son intégralité comme dans ses détails... L'Ombre est la plus grande puissance de Fadrax, de "Tout-Ce-Qui-Est"...

L'Ombre s'arrêta de nouveau, le Xinoflu se mettant à ralentir de manière impossible, à un mètre tout autour d'Elle, de Lui, de Ça. Les deux pieds de l'Ombre se rejoignirent, ce dernier se dressant droit comme un 'i' dans une lenteur incroyablement fluide. Il/Elle dressa ses deux bras en l'air, comme pour s'envoler, et effectivement il décolla très légèrement du sol. Le Grand Solitaire redescendit ses bras avec douceur, écartant peu à peu ses deux jambes.
Le Xinoflu n'était plus qu'à trente centimètres de l'Ombre quand cette dernière reposa tranquillement ses deux pieds dans une position d'équilibre typique des bipèdes humanoïdes, et ramena ses deux bras à demi pliés sur ses hanches. L'armure recouvrant ses bras jouait de ses articulations et de ses gravures qui s'imprégnaient d'une puissance phénoménale et muette.
L'Ombre leva, d'un geste solennel, son visage vers un ciel invisible...
D'un coup de poing griffu vers celui-ci, l'Ombre expulsa une énergie plus ancestrale et primale que les légendes de Fadrax. Une harmonique résonna d'un cri bref dans le tissu même de l'Arakleïrj, le champ de Colère qui génère et contrôle toute vie dans Fadrax. D'un simple geste d'une précision mortelle et insondable, l'Ombre tua la philosophie énergétique qu'était le Xinoflu.
Le Xinoflu éclata, se fragmenta, se dissocia, se vaporisa...
...
Tout était fini, oui, mais pas pour Fadrax...



- 3 -

Ainsi fut oublié le Xinoflu, comme un empereur trop vaniteux. L'orgueil fait pâle défense face à l'Ombre, mais pour aussi mort qu'il soit désormais, le Xinoflu restait, reste et restera un exemple dans l'Histoire de Fadrax :
"Tout a un début, et une fin, et dans Fadrax, tout sera à jamais possible..."


u2026Nul n'a le droit de contester la toute-puissance de l'Ombreu2026?




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