Cinq maisons
Cinq maisons, une grange, accrochées aux parois rocheuses, inondées de soleil, elles vieillissent là, ignorées du monde.
Elles conservaient dans leurs vieilles pierres les images d'un passé. Tout y était imprimé comme dans du sable. Des empreintes discrètes, d'autre plus profondes. Les odeurs, les couleurs, les sons se mêlaient à la chaleur des étés et aux gelées des hivers qui passent.
Une porte, une fenêtre, parfois plus, avec des volets de bois, épais, lourds, pour cacher l'intérieur aux yeux des étrangers égarés. Car pour arriver jusqu'à cet endroit, il fallait s'être perdu, avoir quitté la route et même les sentiers. Le seul chemin de chèvres s'éboulait par morceaux et ne permettait plus aux vieux de quitter le bourg.
Tous se connaissaient. Ils savaient ce qu'il avait derrière chaque porte et chaque volet. Mais la grange gardait son secret. Elle ne servait pas à entasser les récoltes ou du bétail. Depuis longtemps on y avait enfermé la folle qui ne voulait pas mourir. Et de pères en fils, de mères en filles, dans les cinq maisons, se relayait les générations pour garder le flambeau, le secret de la grange qui ne devra jamais être ouverte.
Tous ces gens qui se mariaient entre eux, avaient créé la mutation de dégénérés les plus fous de la planète.
Le chemin de chèvres s'écroulait pour ne jamais les laisser partir de là, et la folle ne voulait pas mourir pour pouvoir prévenir le monde qu'il ne fallait pas arriver jusqu'ici.